« Vous sembliez dominer tactiquement, il n’y a pas eu beaucoup d’attaques, mais sur la seule du match, vous tombez face à l’Ouzbek Jakhongir Mamatrakhimov dans le golden score (dimanche au premier tour des -90 kg)…
C’est la cruauté du sport, de notre sport, ce qui en fait aussi la beauté. C’est pour ça que je l’aime : la moindre erreur, tu la paies cash. Je dominais, mais dominer, ce n’est pas gagner, c’était à moi de le finir. J’ai manqué de lucidité, peut-être de ressources. Il me surprend. C’est le judo : je ne dois pas donner cette opportunité.
L’Ouzbek avait deux pénalités, vous une. N’auriez-vous pas dû essayer de provoquer sa troisième pénalité, synonyme de disqualification ?
Ce n’est pas mon style, je suis un offensif. Si je reste en retrait pour faire tomber une pénalité de chaque côté, je risque de tomber, et c’est ce qu’il s’est passé. Je savais qu’il était dangereux sur certaines attaques, c’est aussi pour ça que je ne prends pas cette option. Ce n’est pas mon style, je ne vais pas l’inventer.
« J’ai de la fraîcheur, malgré mon âge (36 ans) »
Certes mais le règlement vous y autorise…
Oui mais c’était vraiment pas loin, à un moment, j’ai les deux mains, il se jette à genoux quand ça sonne (pour lancer le golden score)si ça ne sonne pas, je pense qu’il prend le shido (pénalité). Frustrant, je n’étais pas venu pour ça.
N’est-ce pas un manque de lucidité alors que la fin de saison approche ?
Effectivement, même si j’arrive avec plus de fraîcheur que les autres, j’ai repris en janvier après dix-huit mois d’arrêt de compétition (depuis les JO 2021) donc j’arrive lancé. Ce qui est génial pour cette dernière année, contrairement aux autres, c’est que j’ai de la fraîcheur, malgré mon âge (36 ans). C’était pas gagné, j’étais 90e mondial quand j’ai repris en janvier, j’arrive tout pile à me qualifier pour ce Masters. Si je gagne encore autant de places, je serai plus que numéro 1 mondial. (Sourire.) Je signe !
« Le ranking, à mon âge, je m’en fous, je ne pourrais pas faire dix compétitions dans l’année. Je veux reprendre mon statut de numéro 1 français et de top 5 mondial. J’en suis capable.
Cette défaite au premier tour vous empêche de marquer de précieux points en vue des Jeux Olympiques 2024…
Le but, c’était ça, mais les JO (Paris 2024), on est à la maison, on est déjà qualifié, je veux être le plus fort. Le classementà mon âge je m’en fous, je ne pourrais pas faire dix compétitions dans l’année. Je veux reprendre mon statut de numéro 1 français et de top 5 mondial. J’en suis capable. Ça passait par une belle médaille aujourd’hui, c’est un rendez-vous manqué.
Quelle est la suite pour vous ?
Un peu de vacances pour mieux repartir. Ça risque de repartir tôt, on va attendre les sélections qui vont tomber dans la semaine. Il y a Baku (du 22 au 24 septembre). Le but, c’est d’être aux Championnats d’Europe à la maison (du 3 au 5 novembre)je n’en ai encore jamais fait, à part les Mondiaux 2011 par équipes.
Allez-vous regarder le parcours d’Alexis Mathieu, engagé sur ce Masters, et l’un de vos concurrents pour la place pour les JO 2024 ?
Bien sûr. Je vais jeter un oeil à toute la catégorie car mon concurrent, ce n’est pas qu’Alexis. Mes concurrents, ce sont les meilleurs mondiaux, si je suis numéro 1 mondial, je serai le numéro 1 français. »