Quelques minutes après que Clarisse Agbégnénou a réussi à se sortir de la tenaille portugaise, Barbara Timo, aux pénalités dans le golden score, et ainsi remporté son premier combat en -63 kg du Masters de Budapest (la sextuple championne du monde était exemptée du premier tour, la Hongroise Ozbas n’ayant pas été au poids), Benjamin Axus, a, lui, perdu dans l’du temps en plusaux pénalités également, ce samedi.
Après 52 secondes de combat dans le golden score, lors de ce deuxième tour des -73 kg, Benjamin Axus a lancé un uchi-mata que le Kosovare Gjakova a tenté d’esquiver. Dans l’élan, la tête du Français a effleuré le tatami, ce que le règlement ne permet pas. Déjà pénalisé par deux fois (comme son adversaire), Axus en a écopé d’une troisième, synonyme de disqualification (hansoku-make). Son Masters s’achève dès son premier combat puisqu’il n’est pas repêché.
« C’est les nouvelles règles du judo, ça change un peu toutes les semaines »
« C’est les nouvelles règles du judo, ça change un peu toutes les semaines, donc on essaie de se tenir informéconfie le Français, sur un ton calme malgré sa déception. Dès qu’un bout de cheveux touche le tapis, on est disqualifié. Mais en judo, pour faire tomber son adversaire, il faut déséquilibrer, là, je fais l’action, une des seules où je l’envoie en l’air clairement. Il essaie d’esquiver mais ma tête doit frôler le sol donc je me fais disqualifier. C’est dur. »
Sa prise de risque n’a pas payé
Et ce d’autant que, pour une fois, Benjamin Axus n’avait pas hésité à prendre des risques. « La prise de risque n’est plus valorisée, au contraire, elle est pénalisée, a-t-il déploré. Dommage, j’avais le combat entre les mains, un adversaire que j’ai battu il n’y a pas longtemps (au Grand Prix de Dushanbe en juin). Il n’avait pas de solution pour me faire tomber, j’en avais. Je suis dégouté. »
« Il faut que je m’entraîne à prendre moins de risques, tant pis pour la beauté du judo. Tant pis pour les spectateurs
Si cette règle est notamment destinée à empêcher des blessures (aux cervicales notamment), elle est sujette à une interprétation fluctuante. Sarah-Léonie Cysique l’avait amèrement constaté en finale des -57 kg aux JO 2021 contre Nora Gjakova, la soeur d’Akil, l’adversaire d’Axus ce samedi en Hongrie. Cela ne favorise pas le judo offensif, ni la compréhension d’un sport déjà abscons pour le grand public.
Axus fait face à une dense concurrence pour les JO 2024
« Il faut que je m’entraîne à prendre moins de risques, tant pis pour la beauté du judo. Tant pis pour les spectateurs. On va apprendre à faire que des pourris gaeshi comme diraient certains »a encore lâché Benjamin Axus, en référence à Teddy Riner, adepte de cette formule. « J’aurais préféré que ce soit le plus fort qui gagne mais j’ai l’impression que ça n’a pas été le cas aujourd’hui »a poursuivi le seul Français engagé en -73 kg à Budapest.
Benjamin Axus a bien conscience d’avoir raté une opportunité de se démarquer de la concurrence nationale (Legrand, Cazorla, Gaba, Chaine…) en vue de l’unique sésame en -73 kg pour les Jeux Olympiques 2024 à Paris.
« Comme je n’ai pas pu faire les Mondiaux (non sélectionné à Doha en mai), j’étais content de faire le Masters, précisait Axus. C’est horrible de s’entraîner autant et de perdre sur des décisions qui changent toutes les deux semaines. Le côté tactique prend une ampleur de plus en plus importante, avant d’essayer de gagner, il faut éviter de perdre. C’est les règles. J’ai perdu dans les règles de l’art mais c’est frustrant. »