A regret et surtout par conviction, Stan Thuret a officialisé son choix d’arrêter la voile, un sport « faussement vert » pour le navigateur français. 25e de la dernière Route du Rhum, il dénonce l’hypocrisie du milieu et la course au succès à tout prix.
Un pavé dans la mare du monde nautique. Après sept ans de compétition, le skippeur français Stan Thuret a pris une décision radicale, mais fidèle à ses convictions: celle d’arrêter la course au large, ce pour « raison écologique ». Un sujet tabou dans ce sport.
« Ce métier, il n’est pas soutenable, il ne fait pas de bien à la planète, se confie à France Info. On utilise les ressources, on utilise un terrain de jeu où aujourd’hui, on parle de chocs quand même – c’est dingue de se dire qu’on frappe des ‘objets flottants non-identifiés’ en parlant de baleines! C’est nous qui sommes responsables parce qu’on va plus vite. »
25e de la dernière Route du Rhum dans la catégorie des Class40, sur son monocoque « Everial », Thuret a donc traversé l’Atlantique en novembre pour la dernière course de sa carrière. « J’ai décidé d’arrêter la course au large telle qu’elle existe aujourd’hui en 2023. L’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité sont incompatibles avec la manière de vivre de la course au large et la compétition. J’ai commencé la voile pour aller voir ce qu’il y avait derrière l’horizon et découvrir la beauté de l’océan. La course au large m’a attrapé car le solitaire, je trouvais ça fou et hors-norme. »
Une pratique incompatible avec l’urgence médiatique
En tentant de médiatiser sa décision, Thuret espère opérer une prise de conscience environnementale du monde nautique, qu’il place devant son hypocrisie. « Nous avons des skippers et des sponsors qui demandent de construire des bateaux. Mais pourquoi demandent-ils à construire des bateaux? C’est pour une raison très vaine, juste vouloir gagner », souffle-t-il en pointant du doigt la production effrénée de bateaux de vitesse en carbone et l’organisation de courses qui génèrent de plus en plus d’émission de CO2.
« Il y a même des gens qui m’ont contacté, qui rêvaient de course au large et qui refusent maintenant de faire la course parce qu’il faut prendre un cargo pour aller aux Antilles. Ce n’est pas soutenable. » Des conditions de pratique incompatibles avec l’urgence climatique, et à l’image « faussement verte ».