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Invaincu en treize combats professionnels, le jeune Christ Esabe remonte sur le ring ce jeudi soir à Paris pour poursuivre sa série (en direct à partir de 20h30 sur RMC Sport 1). Portrait d’un talent précoce qui a déjà réécrit quelques lignes d’histoire de la boxe française et qui vise à terme le Graal mondial.

Dans la jungle des promoteurs, des diffuseurs et des fédérations, la boxe professionnelle est souvent un long chemin de croix. Mais il a le nom qui colle bien à cette image. A 22 ans, Christ Esabe est un des gros talents en devenir du noble art tricolore. Invaincu en treize combats professionnels, tous disputés sur le sol français, le combattant des Mureaux (Yvelines) va tenter d’ajouter une quatorzième pierre à sa carrière en construction ce jeudi soir au Cirque Bormann, dans le 15e arrondissement parisien, face au Mexicain Jose Armando Valdes Bernal (12-8-1, 5 KO ; 29 ans).

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Une occasion de plus de confirmer un constat: Esabe représente une promesse d’avenir déjà conjuguée au présent. Son surnom? « Little T », donné par un speaker en référence à un certain Mike Tyson. Si le parallèle paraît tiré par les cheveux sur le plan de la brutalité entre les cordes, le plume français ayant signé trois KO sur ses treize victoires quand « Iron Mike » avait débuté son parcours pro par… dix-neuf KO de rang, il prend du sens – toutes proportions gardées – sur celui de la précocité. Le garçon n’a pas été champion du monde à 20 ans comme Tyson mais sa valeur n’a pas attendu le nombre des années.

Après avoir débuté la boxe à huit ans dans le sillage de son grand frère au club BAM l’Héritage des Mureaux, dirigé par la fratrie Hallab (Abadila est toujours son coach aujourd’hui), le jeune Esabe va connaître de beaux résultats chez les amateurs. Champion de France cadet, champion de France junior, catégorie d’âge où il fera également un quart de finale européen, il prend le titre national des plumes chez les seniors en 2019. Passé professionnel deux mois plus tard, il ne lui faudra que quatre combats pour se coiffer d’une nouvelle couronne de champion de France en octobre 2019, cette fois chez les pros.

Le Christ avait peur
Christ Esabe © DR

Une grande première: jamais un boxeur français n’avait remporté le titre national professionnel si tôt et jamais personne n’avait été champion de France chez les amateurs et chez les pros la même année. Vous avez compris l’idée de précocité? Depuis, le garçon poursuit son ascension. Après deux défenses du titre national, dont une face à un Rachid Sali de près de vingt ans son aîné, il remporte en octobre 2021 la ceinture WBC Francophone des plumes, qu’il défend une fois avant deux combats (et deux victoires) à belle exposition sur le carte de Tony Yoka-Martin Bakole à l’Accor Arena de Bercy en mai 2022 et sur une soirée avec Christian Mbilli et Souleymane Cissokho au programme en décembre dernier à Nantes.

La prochaine étape le fait retrouver Paris avec un événement monté avec son club, où on retrouvera deux autres élèves talentueux d’Abadila Hallab: Elie Konki et Rima Ayadi. Deux compagnons de route plus âgés mais qui ne tarissent pas d’éloge sur lui. « C’est un crack », lance le premier. « C’est le futur », appuie la seconde. Et l’intéressé de confirmer: « Je suis l’avenir ». « Introverti de base » (c’est lui qui le dit), plutôt calme, Esabe sait allumer le feu quand il monte sur le ring. « Il est tellement bon qu’il est presque nonchalant dans sa boxe, détaille Ayadi. Il y va tranquille, en détente, tu as l’impression qu’il est dans une chorégraphie, mais il te fait mal et il peut te faire tomber comme ça. »

« Mon style? C’est la boxe intelligente, résume Esabe. L’objectif est de choisir la meilleure option au bon moment. Je suis tellement sûr de moi et de mon travail avec mon staff que je peux y aller les yeux fermés. » A l’image de Bakary Samaké, autre talent précoce invaincu du noble art tricolore qui défendra son titre IBF Youth des super-welters ce même jeudi soir à Paris pour son treizième combat pro alors qu’il n’affiche pas encore 20 ans, Christ Esabe a encore de nombreux chapitres de son histoire à écrire. L’objectif est clair, annoncé: le titre mondial. Pas aussi vite que Tyson, plus jeune champion du monde de l’histoire des lourds et phénomène quasi unique, mais la boxe française s’en contentera avec (très) grand plaisir s’il atteint son Graal.

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