Ancien gardien de l’équipe de France de handball et président de la Ligue nationale, Bruno Martini (52 ans) a été condamné en janvier à un an de prison avec sursis pour corruption de mineur et enregistrement d’images pédopornographiques. Dans un entretien à L’Equipe, il livre pour la première fois sa version de l’histoire.
L’affaire a fait grand bruit. Pour des faits survenus à l’été 2020, Bruno Martini a été condamné en janvier à un an de prison avec sursis, à une amende de 2.500 euros et à cinq ans d’interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs pour « corruption de mineur de plus de 15 ans, acquisition et détention de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique ».
L’ancien gardien de l’équipe de France de handball (52 ans), qui a depuis démissionné de son poste de président de la Ligue, sort du silence pour la première fois dans un entretien à L’équipe. Dans lequel il exprime son mal-être, et donne sa version des faits.
« J’ai fait des choses qui ne sont pas moi »
« Que le gamin avait 13 ans, c’est incontestable. Mais je ne le savais pas, clame-t-il. Ça, c’est le premier point. Ensuite, concernant les images, la police a mené une enquête de deux ans et demi. Elle est venue perquisitionner mon domicile parisien, le 23 janvier, ainsi que mon ancien domicile dans l’Hérault, où vivent mon ex-femme et ma fille. Les policiers ont récupéré des ordinateurs, là depuis une bonne dizaine d’années, des téléphones, des clés USB… Et ils n’ont rien trouvé. Évidemment. (…) Je ne suis pas… un pédophile. J’ai l’impression de le dire comme une justification. Mais c’est la vérité. »
Comment Bruno Martini en est-il arrivé là, alors ? Il évoque une énorme dépression en 2019-2020, et une sorte de descente aux enfers. « J’aurais pu sombrer dans la violence, l’alcool ou la drogue, poursuit-il. (…) Pour moi, le sexe a été un prétexte. Pas une finalité. J’ai fait des choses qui ne sont pas moi. Alors que je suis hétérosexuel, je me suis livré à des expériences homosexuelles. »
« J’ai eu honte, tellement honte »
Sans rechercher de contact avec des mineurs, assure-t-il encore. « Si j’en étais un (un pédophile), je serais allé sur TikTok, là où sont les jeunes et vont les pédophiles, comme me l’a expliqué un policier de la brigade des moeurs. Pas sur Snapchat, où il y a beaucoup d’adultes. C’est là, sur Snapchat, que le gamin m’a contacté, vers la fin de cette période (mai-juin 2020). Je ne suis pas allé le chercher. »
Sur les faits pour lesquels il a été condamné, Martini dit ainsi avoir échangé des photos avec un jeune garçon qu’il pensait adulte, sans jamais le rencontrer physiquement, la victime ayant fait demi-tour au dernier moment avant un rendez-vous au domicile de l’ancien handballeur. « Quand j’ai découvert que celui que je pensais être un jeune adulte était en fait un gamin de 13 ans, j’ai été sidéré. Puis, j’ai eu honte. Tellement honte », glisse Martini. Et d’ajouter plus loin dans l’entretien: « Ressentir cette culpabilité m’a amené à ce plaider-coupable, qui est un suicide social. J’aurais pu me suicider physiquement. Je ne sais pas ce qui est le mieux, finalement. Ce qui est sûr, c’est que ma vie s’est arrêtée le 23 janvier 2023. »