Par un message sur les réseaux sociaux, Maïva Hamadouche a annoncé mettre un terme à sa carrière. Un problème à un œil met sa vue en grand danger. Elle préfère ranger les gants. Au moment d’expliquer ce retrait après 22 victoires (dont 18 par KO), 2 défaites, un titre IBF des super-plumes conservé à six reprises, l’Albigeoise ne cache pas ses erreurs. Amoureuse de la boxe, elle a trop reçu et préfère stopper avant de perdre un œil. Cogneuse attachante, boxeuse hyper spectaculaire, Hamadouche va continuer sa carrière dans la police nationale mais sans s’éloigner du noble art.
Maïva Hamadouche, que se passe-t-il avec votre œil qui vous pousse à arrêter votre carrière?
J’avais quelques petits problèmes à l’œil depuis un petit moment. J’ai voulu persévérer. J’ai insisté jusqu’au moment où je n’y voyais plus. Je suis retournée voir mon ophtalmo. Il m’a dit qu’il y avait une urgence et qu’il fallait opérer. Opération sous anesthésie générale, j’ai fait tout ce qu’il fallait. Il va me falloirentre trois et six semaines pour voir à nouveau. C’est dû aux coups, je ne vais pas le cacher. Le style de boxe que j’ai eu n’a pas arrangé les choses et maintenant j’en paie le prix. Je ne me suis jamais préservé sur le ring et dans les séances de sparring. Je me suis toujours entraînée avec des garçons. Quand on ne se préserve pas, voilà ce qui arrive. Si je devais continuer pour perdre l’œil, il faut savoir se poser les bonnes questions. Je m’étais fait la promesse que si les problèmes ne s’arrangeaient pas, j’arrêterais.
Pouvez-vous nous expliquer vos problèmes?
Je ne suis pas trop prête à parler de tout ce qu’il y a eu. Il y a eu beaucoup de choses à traiter. Je ne voulais pas m’arrêter tout de suite, je voulais forcer le destin comme je l’ai toujours fait dans ma vie. Sauf que pour une fois ce n’est pas passé. D’habitude, ça passe quand je force le destin. Malheureusement, ce n’est pas passé cette fois.
Vous risquez de perdre la vue?
Je peux perdre un œil. J’ai pris des décisions qui n’ont pas toujours été très sages pour ma santé. Le chirurgien m’a dit: ‘si je vous opère et que vous continuez derrière c’est sûr que vous allez perdre l’œil.’ Même moi qui fais en sorte de ne rien lâcher, je me suis posé les bonnes questions. On entend souvent qu’il y a une vie après la boxe mais quand on est boxeur, qu’on est passionné comme ça, on voit les choses différemment. Il y a un effet tunnel et on n’arrive pas à sortir de là. C’est à nous de nous auto-discipliner et de se dire: ‘fini les bêtises’. C’est la décision que j’ai prise parce que je m’en suis fait la promesse.
Il ne fallait pas aller plus loin?
Ça faisait longtemps que je devais arrêter, c’est moi aussi qui ai persisté, à continuer à m’entraîner. J’ai fauté dans le sens où j’ai persévéré. Je pensais que j’allais passer à travers les mailles du filet. Tant que la sanction n’arrive pas, qu’on n’est pas au pied du mur, on ne s’arrête pas. Si je m’arrête, c’est que je ne peux pas faire autrement.
Vous aviez encore des envies, unifier les ceintures par exemple?
Je voulais boxer Alycia Baumgardner (championne incontestée des plumes, ndlr). Ça faisait longtemps que j’en avais parlé à Eddie Hearn (promoteur). Je lui avais dit qu’il pouvait m’appeler quand il voulait, que je serais prête. J’aurais aimé la boxer en France. Pour Eddie Hearn, j’étais un problème. Il n’avait pas l’avantage de me faire boxer. Je voulais boxer pour aller la défier chez elle. Je voulais m’arrêter dans trois-quatre ans. J’ai mis ma vie dans la boxe, dire ’j’arrête’, ce n’était pas prévu. Il y a la police derrière, il y a des choses à faire. Si je n’y vois pas, c’est problématique. Il faut s’arrêter à la limite de l’insupportable.
Quels sont les grands moments de votre carrière?
Mon titre mondial car c’était un aboutissement et ma qualification aux JO 2020. Mon premier titre mondial et d’aller aux Jeux de Tokyo car en tant que pro, je ne pensais vraiment pas me qualifier.
La police nationale vous attend. Y’aura-t-il encore de la boxe?
J’attends l’oral du concours d’officier en juin. J’ai toujours voulu être officier. Hasard du calendrier, l’oral arrive au moment où j’arrête ma carrière. Une brillante carrière dans la police s’offre à moi. Au niveau boxe, je ne vais pas m’arrêter de m’entraîner, ça fait partie de moi, faire du physique. Je ne suis pas arrivée à tant d’heures d’entraînement pour arrêter d’un coup. Est-ce que je vais entraîner les policiers comme je le fais? Est-ce que je vais me lancer en tant qu’entraîneur, c’est pas sûr. Je vais bien m’occuper de ma carrière de policier. Si l’oral se passe bien, je pars en école à Cannes-Ecluse (Seine-et-Marne) à la rentrée. Je vais être vite fixée pour montrer tout ce que je sais faire pour la police nationale. Dans la boxe, il y a des choses qui ne sont pas finies. Je vais faire des choses, il faut que je pose tout ça.