Kevin Mayer entre en compétition ce vendredi à Budapest et l’objectif est simple: remporter un troisième titre de champion du monde du décathlon après 2017 et 2022. Ce qui serait une première dans l’histoire de l’athlétisme français. Egalement double vice-champion olympique et recordman du monde du décathlon, Mayer assume son patronyme. En cas de nouveau titre, sera-t-il le Great Of All Time (le numéro un historique) de l’athlétisme tricolore?

Les doutes qui entourent le tendon d’Achille gauche de Kevin Mayer sont énormes et sa capacité à finir la compétition est évaluée à moins de 50%. Mais s’il parvient à supporter la douleur, le Montpelliérain s’attend à un gros total à la fin. Dans une saison où le champion olympique canadien Damian Warner baisse légèrement le pied et le jeune allemand Leo Neugebauer meilleur décathlonien 2023 avec 8836 points, le titre est largement à la portée de Mayer. Un troisième titre mondial ferait de lui le Français le plus titré de l’histoire des championnats du monde, devant un quatuor de double champions du monde: Marie-Josée Pérec, Stéphane Diagana, Eunice Barber et Ladji Doucouré.

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« Si je le dis et que personne n’est d’accord, je passe pour un con »

Kevin Mayer étant lui-même un grand passionné d’athlétisme. Il connaît le poids de l’histoire. Mais il ne s’avancera pas à s’auto proclamé GOAT des coqs français: « Les paroles n’ont de valeur que si ce sont les autres qui le disent. Si je le dis et que personne n’est d’accord je passe pour un con (rires)… Regardez Noah Lyles, il annonce 9.65 sur 100m. Tout le monde se fout de sa gueule parce qu’il fait deux dixièmes de plus mais il est champion du monde ».

Kevin Mayer préfère montrer, sans annoncer. Et il a toujours assumé: double champion du monde donc, double vice-champion olympique (2016, 2021) et accessoirement recordman du monde du décathlon avec 9126 points réussis en 2018 à Talence.

Marie-Josée Pérec, la gazelle

La conquête d’un troisième titre mondial ne l’obnubile pas non plus. « Si j’arrêtais ma carrière aujourd’hui, je n’aurais aucun regret. J’ai vécu des moments incroyables et ce sont les médailles qui me les ont apportés, explique le décathlonien tricolore. Mais une fois le moment du podium passé, une médaille ne sert pas à grand-chose. Je vois ça comme avoir de l’argent, c’est un moyen, pas une finalité dans la vie. »

Si Mayer ne veut pas dire qu’il est le GOAT, qu’en pense le directeur de la haute performance de la Fédération Française d’Athlétisme, Romain Barras? Lui l’ancien champion d’Europe du décathlon et un des mentors de Mayer. « Pour moi, c’est un des GOAT c’est certain. Mais Marie-Jo’ Pérec quand même… c’est trois médailles d’or olympique ».

Les Jeux olympiques, « au-dessus de tout »

« En France, on raisonne surtout en termes de médaille olympique », acquiesce Renaud Longuèvre, ancien manager général de l’équipe de France et actuellement à la tête de la délégation Israélienne. Romain Barras reprend: « Trois titres olympiques, c’est le Graal. Pérec faisait preuve de longévité et de suprématie incroyable, sur 200 et 400m. »

La sprinteuse possède en effet un palmarès immense: triple championne olympique et double championne du monde, sans compter une trace indélébile dans la mémoire des Français. Mais le décathlonien ne peut remporter qu’une médaille par compétition, dans une discipline autrement plus exigeante et aléatoire. Malgré tout, le contexte Jeux olympiques est imbattable selon Longuèvre: « C’est au-dessus de tout, Guy Drut, Jean Galfione, Pierre Quinon. Les Jeux, c’est différent et ça te grave dans la mémoire collective. Mais c’est tout le mal que je souhaite à Kevin ». Mayer serait donc encore derrière Marie-Josée Pérec. Mais les Jeux olympiques de Paris en 2024 pourraient bien lui faire grimper la dernière marche.

Aurélien Tiercin à Budapest

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