Kevin Mayer est très attendu à Budapest pour sauver la délégation française d’un zéro pointé au tableau des médailles qui se rapproche. Le double champion du monde du décathlon souffre du tendon d’Achille gauche, touché pendant une séance de 400m il y a deux semaines. Le Montpelliérain ne prendra aucun risque à un an des Jeux olympiques de Paris 2024.
« Physiquement, je me sens super bien. Je suis en feu, malheureusement mon tendon d’Achille gauche aussi. C’est arrivé il y a deux semaines pendant une séance de 400m dans un virage et je me suis arrêté direct. J’ai une douleur permanente et depuis c’est compliqué », raconte Kevin Mayer au cœur de la fournaise de Budapest.
À trois jours de son entrée en lice pour ces championnats du monde de Budapest, le décathlonien est « en mode warrior, en faisant plus de rééducation que d’athlétisme ». Mais s’il parvient à terminer son épreuve étalée sur deux jours, Mayer s’attend à un gros total. « J’ai fait les meilleures sessions de sprint de ma vie. Et avec la vitesse, tu progresses dans toutes les épreuves sauf au 1500m ». Malgré tout, il ne prendra aucun risque à un an des Jeux olympiques de Paris 2024.
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« Avec la chaleur et la transe, la douleur peut se dissiper »
Les propos de Kevin Mayer sont ambivalents donc: un gros total attendu mais un forfait probable. La mine est stressée. Son entraîneur Alexandre Bonacorsi vient mettre un peu d’huile dans les rouages. « Kevin est toujours très attentif à son corps et encore plus à un an des Jeux de Paris. La douleur est apparue, on bosse dessus notamment avec sa compagne Delphine qui est sa kiné. On veut arriver vendredi pour le début du décathlon dans les meilleures conditions possibles. Kevin adore être en mission ».
Le coach du champion du monde en titre assure que le pétard mouillé des derniers championnats d’Europe de Munich, où Mayer a abandonné après trois secondes de la première épreuve, le 100m, ne se reproduira pas. « En Allemagne, c’était musculaire, impossible de se dépasser. Là c’est le tendon. Avec la chaleur, la transe et l’apport du public, la douleur peut se dissiper. »
Le 400m, l’épreuve qui changera tout
Le boss de l’équipe de France d’athlétisme est toujours inquiet avant les grandes compétitions. Et il anticipe peut-être trop mentalement un possible abandon. « Ça fait partie du jeu quand on est décathlonien. Après, je n’ai pas le droit de me poser des questions et même si je n’arrive pas à marcher, l’adrénaline me fera courir ».
Cette passion devra être freiné par Alexandre Bonacorsi. « Kevin est un compétiteur et dans les starting-blocks du 100m, il voudra tout péter. Attention à ne pas péter le tendon surtout, ce sera à moi de placer le curseur pour ne pas prendre trop de risques ». Mayer ressent la douleur sur toutes les épreuves mais c’est bien le 400m qui sera fatidique, celle qui lui pose le plus de problème. Ce sera vendredi soir. L’espoir est donc encore là, mais l’inquiétude l’emporte, alors que la France est désespérément absente du tableau des médailles de Budapest.