Invitée de l’Intégrale Sport dimanche sur RMC, Marion Rousse, la directrice du Tour de France femmes, a fait le bilan de cette édition 2023 avant le départ de la dernière étape. « Une vraie réussite tant du point de vue sportif qu’au niveau de l’engouement du public », se réjouit-elle.

Marion Rousse, on a assisté samedi à une sublime étape sur le Tour de France femmes avec la victoire de Demi Vollering. Peut-on parler d’étape mythique ?

Je pense que le mot n’est pas trop fort. C’était l’étape reine, on savait qu’on allait avoir du beau spectacle avec le col d’Aspin et surtout l’arrivée au Tourmalet. On savait que le classement général allait se jouer sur cette étape. Le temps a rendu la course encore plus mythique. On est vraiment entrés dans l’histoire samedi. Ce sont des géantes qui ont escaladé le Tourmalet. »

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Le public répond présent sur ce Tour de France femmes. C’est une belle satisfaction ?

C’est vrai que la première édition avait déjà été une vraie réussite tant du point de vue sportif qu’au niveau de l’engouement du public. Il fallait vraiment confirmer pour cette deuxième édition. J’ai vu énormément de monde présent au départ des étapes, à l’arrivée, mais également tout au long de la semaine sur le bord des routes. Ça a vraiment été la quatrième semaine du Tour, c’est ce qui rend cette course magique, c’est ce qui fait que ça reste la plus belle course au monde chez les hommes comme chez les femmes. J’ai eu pas mal de frissons dans ma voiture de direction de course. J’ai vu énormément de sourires, des familles entières se déplacer. C’était incroyable dans le Tourmalet. Les concurrentes m’en parlent.

Quelle est la principale différence avec la première édition ?

Ce qui me choque le plus, c’est la différence de traitement entre la première édition du Tour de France femmes et la deuxième, notamment de la part des journalistes. On avait beaucoup de questions la première année sur le fait de savoir si c’était vraiment cohérent de faire renaître un Tour de France femmes, est-ce que ça allait être une belle course à suivre. Finalement, dès la deuxième édition, on ne s’est plus intéressé au fait de savoir si ça allait être une curiosité. On s’est intéressé aux concurrentes à suivre, à l’aspect course… C’est une vraie évolution. Le Tour de France femmes s’est imposé dans les familles, dans le quotidien des gens. On a été adoptés.

Il y avait 154 coureuses au départ cette année. Ce nombre sera-t-il revu à la hausse à l’avenir ?

On veut vraiment évoluer au même rythme que le cyclisme féminin. J’ai été cycliste pro, ça a énormément évolué depuis l’arrêt de ma carrière. On avait vu sur la première édition que six concurrentes par équipe, ce n’était peut-être pas assez à cause des écarts de niveau entre les différentes formations. Le niveau a vraiment augmenté cette année.

A cause des JO de Paris, le Tour de France femmes ne pourra pas être dans la continuité du Tour de France hommes l’an prochain. Est-ce un regret ?

Ce sera une année particulière. Il faudra trouver une date différente tous les quatre ans. On avait une priorité pour l’an prochain : rester dans les vacances des gens pour qu’ils puissent se déplacer. Ce sera du 12 au 18 août, avec un départ de Rotterdam aux Pays-Bas. Le cyclisme féminin aux Pays-Bas a toujours été en avance, ce sera une fête populaire.

Comment faire pour que le cyclisme féminin soit encore plus populaire en France ? Est-ce qu’il manque une victoire d’étape française sur le Tour ?

Certainement ! On aimerait bien voir une concurrente française s’imposer, mais elles n’ont pas à rougir de leurs performances cette semaine. Juliette Labous n’est pas loin des toutes meilleures. Elle doit être un peu déçue de la première étape où elle a perdu du temps après un coup de chaud. Mais ce sera la concurrente française à suivre pour un podium dans les prochaines années. On va aussi remporter le maillot blanc (de meilleure jeune) avec Cédrine Kerbaol, une fille qu’on ne connaissait pas forcément auparavant. Ce sera une concurrente sérieuse à suivre dans le futur.

Comment expliquer la domination des Néerlandaises dans le cyclisme féminin ?

Elles ont raflé tous les maillots l’année dernière. Ce ne sera pas le cas cette année et on a vu d’autres pays s’imposer sur les étapes. Les Néerlandaises ne sont pas les seules à marcher dans le cyclisme féminin, mais évidemment que leur culture compte pour beaucoup. C’est le sport national. Dès qu’on est petit, on apprend à faire du vélo aux Pays-Bas. Ça risque de prendre encore quelques années en France pour avoir aussi cette envie de faire du vélo chaque jour.

La venue de la Première ministre Elisabeth Borne sur la dernière étape du Tour de France femmes est une reconnaissance de votre travail et du cyclisme féminin en général ?

Bien sûr, c’est un message fort envoyé. Le Tour de France femmes rentre dans l’histoire, dans les cultures, au même titre que le Tour de France hommes. Elle était déjà venue lors de la première édition. Elle avait posé énormément de questions et semblait vraiment intéressée par le développement du cyclisme féminin. C’est une belle forme de reconnaissance pour toutes les concurrentes du peloton féminin.

Vous avez mis en place une initiative (« Elles Arrivent ») sur le Tour de France femmes pour permettre à 48 jeunes licenciées au sein de la Fédération française de cyclisme de se glisser cette semaine dans la peau des coureuses du peloton.

C’était génial ! Je pouvais les rencontrer avant le départ, et ensuite elles faisaient une partie des parcours. Elles ont de 13 à 18 ans. Elles étaient vraiment mises dans les conditions des championnes, elles allaient aussi en zone mixte, elles faisaient les étapes, elles allaient sur le podium… Ça leur donne envie de participer un jour au Tour de France femmes. J’ai été émue de les voir.

RR avec l’Intégrale Sport

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