La nouvelle de la venue des Kings de Los Angeles à Québec en octobre prochain fait sensation depuis 24h.
Malheureusement pas pour les bonnes raisons. Les amateurs et observateurs ont relevé la subvention accordée par le gouvernement de François Legault davantage que les bienfaits de la présence sur 5 jours de l’organisation de la Californie à Québec. Sans doute avec raison.
Le contexte économique est atroce actuellement et les employés du secteur public livrent une lutte sans merci pour faire valoir leurs droits à des conditions de travail aux normes du jour face à un gouvernement qui en retour fait la sourde oreille et leur fait la vie dure.
Est-ce que le «timing» pour faire une annonce comme celle d’hier est parfait pour le ministre Éric Girard? Probablement pas. En même temps, il ne pouvait pas cacher que c’est lui-même qui a initié ce projet d’emmener à Québec une équipe de la Ligue nationale de hockey ne serait-ce que pour une semaine et 2 matchs préparatoires.
Rendu là, est-ce que le gestionnaire du Centre Vidéotron devait laisser la porte du building fermée en sommant le gouvernement de mieux gérer les finances publiques? Ce n’est pas le mandat de Gestev, qui a un édifice à faire rouler.
Est-ce que c’était alors le mandat de Luc Robitaille de dire «non merci, nous n’irons pas à Québec toutes dépenses payées, nous allons à la place payer pour aller jouer ailleurs» ? Je réfère ici aux travaux à Los Angeles qui provoquent la délocalisation temporaire des Kings à l’automne.
Un peu de sérieux svp!
Je précise tout ça ici pour éviter les amalgames. Gestev est gestionnaire d’un building et doit le faire fonctionner et les Kings seront sans domicile fixe en camp d’entrainement, ils ont des matchs présaison à relocaliser.
Un gouvernement et son ministre des Finances et du Hockey veulent se payer, pour le plaisir des contribuables, quelques matchs inscrits dans une grande rencontre collective, un festival du hockey, et il fallait vraiment que Gestev et les Lings de Luc Robitaille disent non?
Un peu de sérieux svp! Au fait, un mot sur l’injection de capitaux publics dans ce projet. Comment croire que le gros stade de l’est aura un toit rétractable au goût du jour de notre vivant? Est-ce que pour ça il va falloir régler les problèmes de pauvreté, les urgences qui débordent, l’éducation qui s’en chez le y’âble avant?
Je sympathise avec tous les citoyens, mieux ou moins nantis, encore plus avec les vraiment pas nantis du tout. Mais on ne peut gouverner une société en faisant des raccourcis intellectuels aussi réducteurs.
Ce qui m’a chicoté davantage hier, c’est le texte d’opinion d’Alexandre Pratt selon lequel le Canadien était prêt à disputer un match à Québec l’automne prochain sans que ça ne coute une cenne au gouvernement.
Ce que le texte ne dit pas et qu’il m’apparaît important de préciser ici, c’est d’abord qu’en vertu de la réglementation de la Ligue nationale, celle-ci a eu à recevoir une demande des Kings de Los Angeles afin d’approuver qu’ils disputent deux matchs à Québec, que cette demande a bel et bien été faite et a fait objet d’une consultation de la part de la Ligue nationale auprès de l’organisation du Canadien, qui ne se serait pas objectée à ce projet.
Ce que j’ai appris aussi, c’est que suivant ce processus et son approbation, suivant surtout et ce n’est pas anodin, la signature des contrats rendant officielle la tenue des 2 matchs à Québec, le Canadien s’est informé auprès de Gestev des disponibilités du Centre Vidéotron afin de venir y disputer un match.
Des alignements indignes!
Maintenant, relativisons un peu : si c’est vrai que le Canadien voulait retourner à Québec en 2024, pourquoi n’y est-il pas allé depuis 2018? Pourquoi subitement le mois passé le CH a dit «hey on va aller jouer un match à Québec»? Pourquoi Montréal ne s’est pas rendu à Québec plutôt qu’à Tremblant avec son alignement complet au début du mois d’octobre?
Si le CH avait eu cette illumination plus tôt, est-ce que c’est lui qui se serait établi à Québec? L’aurait-il fait sur 5 jours comme les Kings? Qui aurait assuré la présence des vedettes de l’équipe dans l’alignement pour les deux matchs? Qui les aurait rendus disponibles pour rencontrer les amateurs de hockey et les jeunes joueurs et joueuses de hockey de Québec? Qui aurait tenu des entraînements publics et des séances d’autographes? Qui n’aurait pas eu à gérer la billetterie ni la vente de commandites?
En clair, est-ce que le Canadien aurait accepté ce clé en mains du gouvernement? Je me risque à présumer que oui sans peur de me tromper.
La vérité ne serait-elle pas plutôt que le Canadien a abandonné Québec en 2018? Il a abandonné Québec parce qu’il devait trouver que c’était beaucoup trop d’ouvrage pour un voyage éclair aller-retour en autobus, sans même une misérable séance de patinage matinale à offrir gratuitement au public le jour du match présaison.
Lors de ses deux dernières visites, en 2017 et en 2018, le Canadien n’a mis en uniforme que quelques vétérans, la plupart de fond de grille, très loin de l’alignement quasi complet qu’a promis le président des Kings, Luc Robitaille, hier.
Je tenais à apporter quelques précisions devant ce qui s’apparente à une campagne un peu malhabile du Canadien visant à se donner bon pied bon œil et éviter l’essentiel : il a négligé les amateurs de hockey de Québec depuis 2018, après les avoir méprisés avec des alignements indignes!
Et puis, question comme ça : s’il est vrai que les dirigeants du Canadien auraient fait savoir aux dirigeants des Kings leur mécontentement de les voir débarquer à Québec dans leur marché naturel en octobre 2024, comment peut-on croire alors que Geoff Molson n’a vraiment aucune objection et qu’au contraire il souhaite vivement le retour des Nordiques, comme il le laisse souvent entendre avec son plus beau sourire?