Aucun tournoi majeur ne se compare au US Open. La marée de monde qui se déplace d’un stade à l’autre, la chaleur souvent suffocante de New York à la fin août, les spectateurs bruyants, que les joueurs entendent encourager les Américains trois terrains plus loin, et bien sûr, le Arthur-Ashe. Le plus grand stade de tennis au monde, là où les athlètes se livrent parfois en spectacle jusqu’à tard dans la nuit.
La sensation que procure le fait d’entrer seule sous les projecteurs dans une arène qui peut contenir près de 24 000 spectateurs, Leylah Fernandez l’a connue il y a deux ans, dans son parcours sensationnel qui l’a menée jusqu’au match ultime à New York.
C’est sur cette scène immense que la petite Québécoise, alors âgée de 19 ans et 73e mondiale, avait renversé contre toute attente la puissante Aryna Sabalenka en demi-finale, ce qui lui avait donné du même coup son billet pour sa première finale en Grand Chelem.
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«On dirait qu’il y a des millions d’yeux qui nous regardent! a lancé Leylah, dimanche, lorsque questionnée sur son expérience sur le Arthur-Ashe. C’est un défi différent. C’est un stade tellement iconique que parfois, il faut se concentrer, s’imaginer que l’on joue sur un plus petit terrain.»
Le bruit, mais surtout le rêve
Et il n’y a pas que ces yeux qui regardent: il y a aussi ces bouches, qui murmurent pendant les points, qui crient parfois, même si l’arbitre fait tout en son possible afin de les faire taire. Ces applaudissements, également, qui s’étirent jusqu’à ce que les joueurs soient prêts à servir, voire au-delà.
Ces bruits, ils peuvent enterrer le bruit de la balle, a fait remarquer un collègue à la Lavalloise d’origine.
«Comme les joueuses sont très sensibles, à la base, un petit bruit comme celui d’un spectateur qui échappe quelque chose peut nous déranger», image-t-elle, pour faire comprendre qu’il faut apprendre à concilier avec le son ambiant.
«Parfois, ça nous pousse à frapper plus fort, justement parce que l’on veut entendre la balle, mais dans des moments comme ceux-là, on apprend à se fier surtout à notre instinct», relève aussi Leylah.
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Mais si elle aime bien jouer sur de plus petits courts – qui lui rappellent là où elle a commencé, souligne-t-elle -, Fernandez ne dédaignera jamais l’occasion de fouler le plus grand terrain de la planète.
Après tout, la 67e mondiale l’a souvent dit: elle adore se donner en spectacle sur les plus grandes scènes, devant une foule animée.
«C’est incroyable [de jouer sur le Arthur-Ashe]a-t-elle répété. Ç’a toujours été un rêve pour moi, alors je tente de saisir chaque occasion.»
Le trafic de la Grosse Pomme
C’est toutefois plutôt sur le Grandstand (un stade qui peut tout de même contenir 8000 personnes) que Leylah Fernandez fera sa rentrée new-yorkaise mardi, à 11h, contre la Russe Ekaterina Alexandrova, 22e préféré.
Leylah est arrivée à New York vendredi, au lendemain de son revers en quarts de finale à Cleveland. Dimanche, elle a bravé le trafic de la Grosse Pomme non seulement pour venir rencontrer les médias, mais aussi pour s’entraîner avec l’Américaine Peyton Stearns.
Car c’est là une autre particularité new-yorkaise: ce lourd trafic entre Manhattan, où la majorité des joueurs logent, et le Queens, où se déroule le dernier tournoi majeur de la saison.
Il force souvent les athlètes à changer leur horaire, à partir plus tôt afin d’arriver à temps sur le site, a pointé Leylah.
Bon, ça ne fera pleurer personne, bien sûr. Mais Leylah ne chigne pas non plus. Au contraire: deux ans après s’être rendue jusqu’en finale à New York, la jeune joueuse garde «beaucoup de bons souvenirs» de cette grande épopée.
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«Mais bon, ce sont maintenant des souvenirs», ajoute-t-elle, sourire en coin, pour laisser comprendre qu’elle souhaite encore ajouter à son palmarès d’autres grandes victoires sur le Arthur-Ashe.