Après la fin de saison des championnats professionnels, le président de la Ligue Nationale de Volley, Yves Bouget, dresse le bilan pour RMC Sport. Tant sur son avenir (la Ligue et Tours) que sur les dossiers chauds du moment (Narbonne, Saint-Jean-d’Illac, la fusion de Saint-Cloud et Levallois), le patron de la LNV répond avec franchise.
Quel est votre bilan de la saison professionnelle des clubs de Ligue A et Ligue B ?
J’ai d’abord une pensée pour Gurvan Kervadec, qui nous a subitement quittés au printemps dernier. Il a travaillé ardemment au développement du volley professionnel. Il est partie prenante de la magnifique saison des Ligue A et Ligue B. C’est le grand retour du volley professionnel sur la scène du sport collectif. Un chiffre le prouve : le volley français a pété ses scores avec 530.000 spectateurs dans les salles cette saison contre 410.000 la saison précédente. C’est une hausse de 28% sur les trois championnats (+24% en LAF, 26% en LAM et +30% en LBM). La mise en scène du volley a séduit le public grâce aussi au grand come-back dans les medias (beIN Sports, RMC Sport et les locales de BFMTV). Cette nouvelle exposition a participé à la visibilité du volley et à son attractivité. Et nos valeurs rejoignent celles de notre public et de la société où l’on veut venir voir du sport spectacle en famille. Et l’an prochain, on compte accélérer.
Vous souhaitez continuer la saison prochaine avec vos trois partenaires medias ?
On veut pérenniser les choses. On veut conserver sinon augmenter la venue du public dans les salles. Un club, Le Cannet, a joué le Final 4 de la Ligue des champions féminine. Demain, on en veut deux ou trois. On veut pérenniser l’émotion. Les clubs doivent continuer à grandir et pour cela il y a la « Licence club » qui les oblige à se structurer financièrement, sportivement, dans les ressources humaines et à moderniser leur salle. C’est un outil structurant pour eux. A partir du moment où les partenaires sont satisfaits les uns des autres, il n’y a pas de raison de remettre fondamentalement en cause nos liens. Après, il faut se mettre autour d’une table et se le dire.
La « licence club » que vous mettez en place n’est-elle pas une étape trop rapide pour certains clubs ?
J’entends très bien votre remarque mais le monde va vite. De plus, les clubs peuvent choisir à trois ans leurs stratégies pour arriver à 80% d’adhésion à cette licence qui sera nécessaire pour être admis dans nos championnats professionnels d’ici 2026. Les clubs se renforcent grâce à cette licence. Elle tend vers une autonomie financière par rapport aux collectivités territoriales car le monde change et les mairies ou les départements aideront de moins en moins les sports. Alors il y a les bons élèves, les mauvais et ceux qui vont y arriver à leur vitesse. Je reconnais que cette « Licence Club » est un coup de pied dans la fourmilière. Tout le monde a été obligé de se mobiliser et anticipe la mise en place de cette licence. Demain, il nous faudra des clubs forts.
Concrètement, vainqueur de la finale d’accession, Saint-Jean-d’Illac pourra-t-il jouer en Ligue A la saison prochaine ?
J’attends la réponse de la DNACG qui va juger si le dossier financier est crédible. La deuxième étape est la « Licence Club ». Je suis sûr que le président Hassoun se démène avec ses partenaires financiers et les collectivités pour atteindre ses objectifs. Il est au sein d’un grand territoire, la métropole bordelaise, qui n’a pas de grand club de salle parmi l’élite. Je souhaite qu’il réussisse.
Avez-vous des craintes financières pour le maintien de Narbonne en Ligue A Masculine ?
Aucune. Sauf cataclysme, Narbonne jouera en Ligue A la saison prochaine. Son nouveau président et la nouvelle équipe ont bien travaillé. D’après ce que j’en sais, ce dossier n’est plus trop d’actualité.
La fusion entre Saint-Cloud et Levallois en Ligue A féminine va-t-elle dans le sens de ce volley mieux structuré que vous appelez de vos vœux ?
Je suis extrêmement heureux de cette fusion. Un de mes soucis était de ne pas avoir de grand club à Paris. C’est une honte de voir « Les Mariannes » de Paris-St Cloud jouer dans un gymnase digne des pays de l’Est des années 60. C’est scandaleux de la part de la mairie de Paris de les laisser dans ce hangar pour le plus haut niveau du sport féminin alors que les garçons du Paris Volley ont une magnifique salle avec Charpy. Un club va naître à la hauteur des attentes de la région tant par les infrastructures à Levallois que par la surface financière. Je suis enthousiaste car ce projet donnera une énorme visibilité au volley féminin dans la région parisienne.
Que pensez-vous de Craig Carracher, le patron australien du nouveau projet de l’AS Cannes ?
On a échangé ensemble et nous avons des conceptions marketing relativement proches. Les échanges ont été fluides. J’ai été agréablement surpris de sa volonté d’investissement dans le volley français. C’est une reconnaissance du travail accompli.
Allez-vous quitter la présidence de la Ligue après l’AG du 21 juin pour revenir à Tours dont le président Poilpré a démissionné ?
J’ai été élu président de la Ligue jusqu’en 2024 et je ne peux pas diriger un club professionnel. J’ai pris ce poste à la demande des clubs. Si on fait le bilan des années écoulées, le travail de mes équipes a été colossal. On a changé de dimension. Si les clubs professionnels ont toujours envie d’aller plus haut, il faut aller au bout du chemin jusqu’à l’Olympiade de Paris en 2024. Ce jour-là, je serai appelé à d’autres aventures mais certainement pas avant. J’ai été un président du TVB très heureux. Objectivement, je souhaite que des jeunes dirigeants arrivent au TVB avec des idées neuves. Il faut une nouvelle génération à la tête de nos sports pour renouveler la gouvernance. En 2024, je ne suis pas doué pour le potager mais je ferai autre chose.
La formule des playoffs en cinq matchs vous a satisfait ?
La dramaturgie de ces playoffs a été un régal. Elle est liée à la réussite de cette formule. Et le public ne s’y est pas trompé sur cette dramaturgie exceptionnelle avec des salles combles en demies et en finale, autant chez les femmes que les hommes. C’est du jamais vu dans le volley. C’est du sport professionnel et on est là pour produire de l’émotion, du spectacle et de la dramaturgie. Mission accomplie.
Jouer une saison sur 15 points, dans le Golden Set, comme on l’a vu en finale de Ligue A Masculine, ça va dans le bon sens ?
Oui car on sait quel jour le champion de France sera sacré. Fondamentalement, ça change la donne car culturellement le public français n’est pas habitué à voir une finale qui peut se terminer en trois, quatre ou cinq matchs. Il ne faut pas se prendre pour ce qu’on n’est pas et on n’est pas la NBA. Je vois que les formules sont bonnes car les spectateurs ne s’y sont pas trompés. Je pense que la formule a répondu aux attentes des spectateurs.
Y aura-t-il des nouveautés pour la saison prochaine ?
La formule du championnat, qui a bien fonctionné, devrait être reconduite. On espère surtout créer une journée de Super Coupe mixte avec les deux matchs, masculins et féminins, le même jour. Et puis il faudra jongler avec les dates car la fenêtre internationale sera rétrécie pour préparer les JO 2024 de Paris. Les championnats devront se terminer le 28 avril au plus tard. Il devrait y avoir pas mal de matchs de championnat en semaine.