HAMILTON – «Cette fin de semaine, c’est en hommage à elle.» Elle, c’est Carolann Grilli, la défunte mère de Marc-Antoine Dequoy, qui a poussé son dernier souffle il y a un peu plus d’un an, après une longue bataille contre un cancer généralisé. Elle n’avait que 57 ans.
«C’est sûr que j’aurais aimé qu’elle soit là, laisse tomber le maraudeur des Alouettes de Montréal. Je sais que ç’aurait été son plus grand souhait de me voir participer à cette finale de la Coupe Grey.»
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S’il se livre à cœur ouvert, c’est pour rendre hommage à sa maman. Dequoy insiste toutefois avant de répondre aux questions: il ne ressent certainement pas le besoin d’attirer la sympathie. Il devine, par contre, que son histoire pourrait servir de réconfort à d’autres.
«Le deuil, c’est universel, dit-il. Dans mon cas, je l’ai appris assez jeune alors que j’ai perdu quelqu’un d’aussi près que ma mère quand j’avais 28 ans. Depuis, j’ai réalisé que je ne suis pas le seul à avoir vécu ça. Il y a des gens qui m’ont écrit pour m’encourager ou pour me dire qu’ils étaient passés par là.»
La famille à Hamilton
Dequoy n’est pas seul… D’ailleurs, à Hamilton, il y aura une douzaine de proches pour l’encourager. Sa copine, son père, Vincent, son frère, Laurent, sa belle-famille, puis aussi des oncles, des tantes et tous ses cousins du côté de sa mère.
«Ils font tous le voyage, note Dequoy. C’est fou!»
Avant la grande partie de dimanche, le Québécois lira certains messages textes que lui avait envoyés sa maman, qui a notamment été enseignante pendant de nombreuses années au Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys. Il les conserve précieusement.
«J’ai encore des textos dans mon cell, confie-t-il. Avant chaque match, elle m’écrivait des mots d’encouragements. Je les relis, ça m’aide.
«À certains moments, je pense à elle et j’essaie de me dire qu’elle regarde à partir de quelque part. Je la porte dans mon cœur tout le temps.»
Une chaîne en or
Dequoy a un autre rituel particulier pour ses matchs de football.
«J’ai sa chaîne en or qu’elle portait tout le temps, dit-il. Je la mets pour jouer. Avant chaque début de match, je la prends et j’ai une pensée pour elle avant d’embarquer sur le terrain.»
Crédit photo : Capture d’écran
À maintenant 29 ans, Dequoy y trouve certainement son inspiration, lui qui connaît une saison absolument exceptionnelle avec les Alouettes. Il est d’ailleurs le grand finaliste de la section Est pour le titre de joueur canadien par excellence, un honneur qui sera décerné jeudi lors du gala de la Ligue canadienne de football au Fallsview Casino Resort, à Niagara Falls.
Après avoir réussi cinq interceptions durant la saison régulière, dont deux qu’il a transformées en touchés, Dequoy a aussi fait le grand coup aux Argonauts de Toronto, samedi dernier, en finale de l’Est. L’adversaire menaçait en début de match quand il a intercepté une passe et couru sur 101 verges pour propulser les Alouettes.
Rien de facile
Au-delà de ses exploits sportifs, Dequoy aspire à grandir comme être humain à travers cette difficile épreuve que représente le décès de sa mère.
«J’essaie autant que possible d’en retirer du positif, conclut-il. Ça fait partie de ma vie, ça fait partie de mon parcours, mais c’est difficile de gérer le deuil. Encore aujourd’hui, ce n’est pas facile à vivre.»
Cette fin de semaine, c’est en hommage à elle.
En finale avec le club de son enfance
C’est absolument fou pour Marc-Antoine Dequoy de représenter les Alouettes, le club de son enfance, à la finale de la Coupe Grey.
Le jeune garçon ayant grandi à L’Île-Bizard a vécu ces matchs dans les estrades du stade Percival-Molson à applaudir Anthony Calvillo. Puis, il n’avait que 16 ans lors de la plus récente conquête du club montréalais, en 2010. Il chérit encore davantage l’année précédente lors de la première de deux conquêtes consécutives.
«La partie de 2009 était la plus spectaculaire avec le botté de placement manqué par les Alouettes à la fin du match et cette pénalité aux Roughriders pour avoir trop de joueurs sur le terrain», se souvient Dequoy.
Crédit photo : Photo d’archives
Rappelons que Damon Duval et les Alouettes avaient pu reprendre le botté avec succès pour finalement l’emporter.
Avec des ailes de poulet
Autant en 2009 qu’en 2010, l’adolescent était au domicile familial de L’Île-Bizard avec son grand frère, Laurent, de même qu’avec ses parents, qui étaient alors toujours en couple. Des moments précieux, Dequoy se souvient même en partie du menu.
«Le classique, on mangeait des ailes de poulet et mon père faisait le BBQ.»
Cette fois, ce sont d’autres enfants qui pourront s’empiffrer en regardant Dequoy en action, dimanche, lors du duel entre les Alouettes et les Blue Bombers de Winnipeg. Un jour, ils se souviendront peut-être de la Coupe Grey de 2023.