Écarté des effectifs de la Fédération française de judo (FFJDA) à la mi-avril, Paul-Thierry Pesqué était convoqué par la commission de discipline début juin. Il avait obtenu un report. L’ancien responsable de pôle Espoirs de Montpellier risquait la radiation à vie par le monde du judo.
Accompagné par son avocat Me Romain Vanni, le colosse s’est présenté le 12 juillet devant Me Yann Le Bras, le président de la commission, assisté de Camille Henri et Eva Netter. Il en est sorti blanchi, selon le compte rendu de l’audience, que nous avons pu consulter.
« Ainsi, la commission considère, en conscience, que le délai pour apprécier convenablement ces faits, et éventuellement prononcer une condamnation, n’est pas raisonnable dans le cadre de cette affaire, peut-on lire dans le document. En conséquence, dit qu’il n’y a lieu de prononcer une sanction à l’encontre de M. Pesqué. »
La procédure disciplinaire avait été ouverte à la suite de la réception de la mesure d’interdiction dont il a fait l’objet par le préfet du Val-de-Marne, le 7 février 2023. Il lui était reproché des faits de violences régulières et répétées envers les athlètes qu’il encadrait, et leur mise en danger lors de ses fonctions au sein du Pôle espoir de Montpellier entre 2004 et 2006, ainsi que des manquements aux règles de sécurité.
Mais aussi des faits de violence et un comportement d’entraîneur national inadapté, notamment lors d’un stage durant les vacances de Pâques 2002, en Corse. En octobre 2021, Libération avait publié une longue enquête concernant cet entraîneur « connu pour avoir fait, à plusieurs reprises et devant témoins, l’usage d’une brutalité extrême auprès des espoirs du judo français ».
« Depuis 18 années, l’enseignement du judo par Paul-Thierry Pesqué ne donne lieu à aucune réclamation ou signalement »
Dans son compte rendu, l’instance disciplinaire de la FFJDA explique ainsi sa décision : « La commission relève que les faits dont elle est saisie se situent en 2002 pour l’un et entre 2004 et 2006 pour le second. La commission constate que si ces faits devaient être soumis à une procédure pénale, ils seraient prescrits, au plus tard au cours de l’année 2013, soit une prescription acquise depuis dix à quinze années. […] Ce constat amène la commission à s’interroger sur le délai raisonnable ».
Par ailleurs, la commission constate qu’aucun fait plus récent n’est reproché à l’intéressé. Elle rappelle que, « depuis 18 années, l’enseignement du judo par Paul-Thierry Pesqué ne donne lieu à aucune réclamation ou signalement ».
L’avocat de Pesqué va demander le retour de son client à la FFJDA
« Je suis très satisfait de cette décision, juste et raisonnable, qui contribue au rétablissement de l’honneur de mon client », a déclaré Me Vanni. Ce dernier s’affaire désormais à faire annuler l’arrêté préfectoral, prononcé le 10 février contre son client, dans lequel « madame la Préfète du Val-de-Marne a pris à son encontre un arrêté préfectoral d’interdiction temporaire d’exercer les fonctions mentionnées à l’article L212-1 du Code du sport (enseigner la pratique sportive contre rémunération). Cette mesure s’applique pour une durée de deux ans auprès d’un public mineur ».
Il va donc faire porter la décision de la commission de discipline de la FFJDA à la connaissance du tribunal administratif. Il demandera ensuite la réintégration de Paul-Thierry Pesqué au sein des effectifs de la FFJDA. Il a été remis à disposition de la délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) d’Île-de-France en avril.