Vainqueur de la Kosovarde Sadiku en quart de finale des moins de 60 kilos ce mercredi lors des Jeux Européens, Estelle Mossely s’est qualifiée pour ses deuxièmes Jeux olympiques après ceux de 2016. La médaillée d’or de Rio sera à Paris en 2024 tout en continuant l’aventure en boxe chez les pros.

Estelle Mossely, vous avez à la main, un ticket de qualification olympique

Rendez-vous à Paris, rendez-vous à la maison.

Vous disiez avant ce combat contre la Kosovarde, « ce sera le plus dur mentalement ». Est-ce que cela l’a été?

L’enjeu est tout autre. C’était les quarts de finale, il ne fallait pas céder à la pression, rester concentrée et ne pas se louper. Pour ce combat, j’étais vraiment très concentrée. On a bien analysé le combat. Kamel (Hasni, le coach) m’a donné les bonnes indications. Ensuite, il fallait rester focus jusqu’à la fin.

Après être passée pro, vous revoilà aux Jeux olympiques…

J’ai réussi. Je savais que je pouvais le faire. Maintenant, il faut laisser le temps au temps. On a fait les choses rapidement mais il y avait des étapes à franchir jusqu’à aujourd’hui. Compte-tenu de mon planning, du fait que je sois professionnelle, j’étais obligée un temps de faire les deux en même temps.

C’était difficile. On a pris les Championnats du monde comme un test (défaite au 2e tour, ndlr). Il fallait se remettre dans le rythme amateur avant de participer à cette qualification olympique. Cela nous a permis de faire les modifications qu’il fallait pour être prête ici. C’était la plus grosse étape de cette année.

Votre travail pour redevenir performante en amateur a payé

On n’a pas bossé pour rien. On a travaillé très très dur. C’était intense. Cela permet d’avoir cette tranquillité d’esprit, de se dire ‘je suis qualifiée, je serai aux Jeux olympiques’. Ensuite, d’organiser ma carrière entre pro et amateur, avec un équilibre parfait jusqu’à la fin de l’année. Et le rythme olympique toute l’année 2024 jusqu’aux JO.

Depuis Rio, vous êtes aussi devenue maman…

C’est énorme. Cela montre que l’un n’empêche pas l’autre. Mes enfants sont là. Je tenais à ce qu’ils soient là. Ce sont des choix importants, un rythme de vie intense, des entrainements douloureux. Cela fait partie de leur éducation qu’ils comprennent ce que je fais. A Rio, ils n’étaient pas nés. Ils vont avoir la chance de vivre ça et de comprendre ça. C’est important pour moi de partager ça avec eux.

Comment abordez-vous la demi-finale contre l’Irlandaise Harrington, championne olympique en titre, la meilleure de la catégorie, comme un bonus?

Bien sûr. C’est du plus. Notre seul objectif c’était la qualification compte tenu des enjeux qui arrivent chez les professionnels. On va se poser avec Hasni. L’objectif est rempli et on l’a.

« M’inscrire dans la boxe française, dans le sport français »

Vous allez donc encore jongler en boxe pro et olympique?

D’ici un an, j’ai le temps de m’entraîner, de peaufiner. On s’était dit ‘on se prépare pour 3 combats et pas 5’. On a tout formaté par rapport à ces trois combats ici à Nowy Targ. Maintenant, on a un temps. Je vais faire une parenthèse boxe pro sur les mois qui arrivent car j’ai de gros combats. Cela fait plaisir. Puis ce sera boxe olympique. J’ai réussi à faire les deux en même temps. Je pense pouvoir dépasser mon niveau en étant focalisé que sur la boxe olympique.

Qu’est ce que cela représenterait de réussir à gagner des grands titres des deux côtés de la boxe?

C’est l’objectif d’une vie. Je ne vais pas faire de la boxe pendant encore dix ans. Mes plus grosses années, c’est ce qui arrive là jusqu’à 2025. Cela va être pour moi le plus gros de ma carrière. J’ai envie de réussir ce grand moment, de m’inscrire dans la boxe française, dans le sport français. Que je peux aussi être représentative de la femme moderne, qui a des enfants, des objectifs professionnels, sportifs et qui peut réussir.

Propos recueillis par Morgan Maury à Nowy Targ (Pologne)

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