Sélectionneure de l’Angleterre depuis 2021, Sarina Wiegman dispute ce dimanche sa deuxième finale sur le banc des Three Lionesses, face à l’Espagne (12h). La Néerlandaise, déjà vainqueure de l’Euro l’an dernier, rêve de soulever la Coupe du monde quatre ans après une désillusion avec les Pays-Bas.

Sarina Wiegman prend goût aux médailles. À 53 ans, la native de La Haye est assurée de remporter une nouvelle médaille en tant qu’entraîneure principale d’une sélection. Et ce dimanche, elle espère ramener l’or, comme ce fût le cas lors de l’Euro 2022 avec les Three Lionesses, remporté face à l’Allemagne (2-1). Ce nouveau rendez-vous face à l’Espagne à Sydney est aussi l’occasion d’une revanche pour la Néerlandaise, privée d’or il y a quatre ans par les États-Unis lors du Mondial organisé en France (2-0).

“Avoir la chance en tant qu’entraîneure ou joueuse de se qualifier pour deux finales est vraiment spécial. Je ne prends jamais rien pour acquis, mais c’est comme si je vivais dans un conte de fées ou quelque chose comme ça, expliquait Wiegman après la victoire face à l’Australie en demi-finale. Chaque finale tu te dis que cela n’arrivera plus, c’est un parfum spécial. »

Une seule défaite depuis sa nomination

Connue pour être directe, un caractère “très néerlandais” selon son propre aveu, Sarina Wiegman a su remettre le football anglais sur le droit chemin, comme elle l’avait fait sur le banc des Pays-Bas. D’abord adjointe entre 2014 et 2017, la technicienne a dépoussiéré le palmarès de la sélection batave en remportant l’Euro à domicile en 2017 pour sa première finale. L’échec en finale du Mondial en France n’a pas freiné les ambitions de la coach de 53 ans. Débauchée en 2021 par la Fédération anglaise en prévision de l’Euro organisé à domicile, elle a transformé en machine à gagner une sélection souvent bien placée, mais jamais titrée.

Elle a remporté le Championnat d’Europe devant plus de 85.000 spectateurs à Wembley contre l’Allemagne (2-1 a.p.). Depuis son intronisation, elle n’a perdu qu’un seul match sur 39 (pour 33 victoires): c’était lors d’un amical face à l’Australie, en avril dernier. Ses succès ont fait de l’ancienne défenseure internationale l’un des visages de la féminisation du poste d’entraîneur, aux côtés de Jill Ellis ou Pia Sundhage.

« C’est une entraîneure dont les résultats ont montré les qualités, elle a du talent et un staff derrière elle. Demain (dimanche) ce sera une bataille tactique et technique », a soutenu Jorge Vilda samedi en conférence de presse.

Une bricoleuse hors pair

Un talent qu’elle confirme en Australie, puisqu’elle a réussi à mener son équipe en finale de la Coupe du monde malgré les blessures (Mead, Kirby) et la suspension de Lauren James lors des deux derniers matchs. En leurs absences, Lauren Hemp et Alessia Russo sont peu à peu montées en régime (3 buts chacune) dans une compétition que les Lionesses auraient pu quitter dès les huitièmes de finale (victoire face au Nigéria aux tirs au but).

L’ancienne prof de sport a bâti un socle défensif en acier pour porter l’Angleterre vers les sommets (trois buts encaissés en six matchs), en variant en Australie entre le 4-3-3 habituel et le 3-5-2. « L’équipe a montré qu’elle pouvait bien s’adapter », a-t-elle assuré.

Une technicienne courtisée

En parallèle, Wiegman a tout fait pour que les joueuses soient pleinement investies, en autorisant les familles sur le lieu de séjour, plutôt qu’isoler son effectif, comme peuvent le faire certaines équipes. « Nous avons toutes nos familles ici, même Sarina », avait déclaré la milieu Georgia Stanway il y a quelques jours.

Sa mentalité de gagnante et sa réussite font de la sélectionneure des Three Lionesses une coach courtisée. Les Etats-Unis, première nation mondiale, penseraient à elle pour remplacer Vlatko Andonovski, qui a démissionné après l’élimination des quadruples championnes du monde. Réponse du patron de la Fédération anglaise: chaque offre pour Wiegman, sous contrat jusqu’en 2025, sera rejetée « à 100% ».

Pourtant, son nom a également été cité… du côté des Three Lions, pour succéder à Gareth Southgate. « Pourquoi faut-il que ce soit un homme? Je pense que notre réponse est toujours: ‘C’est la meilleure personne pour le poste’. Nous pensons que Sarina fait un excellent travail et nous espérons qu’elle continuera à le faire pendant longtemps. Je pense que Sarina pourrait faire tout ce qu’elle veut dans le football, a déclaré Mark Bullingham, le directeur général de la FA, dans des propos rapportés par ESPN. Si, à l’avenir, elle décide de passer au football masculin, ce sera une discussion très intéressante, mais c’est à elle de décider, n’est-ce pas? Je ne pense pas qu’il faille considérer cela comme un pas en avant. Si elle décide à un moment donné de prendre une autre direction, je pense qu’elle en est parfaitement capable. » Mais avant d’éventuellement entamer un nouveau virage dans sa carrière, Sarina Wiegman veut toucher du doigt un autre rêve: celui d’amener un autre titre à tout un Royaume, qui n’attend plus que ça.

Analie Simon Journaliste RMC Sport

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