L’une des tâches les plus ingrates dans un sport d’équipe, c’est de faire passer le bien de l’organisation avant son propre petit bonheur. Pour des athlètes compétitifs, conditionnés à vouloir gagner chaque match depuis l’âge de 10 ans, c’est contre nature. Surtout pour les vétérans pour qui le présent peut avoir plus d’importance que l’avenir.
Voilà la pilule que les joueurs du Canadien ont dû avaler pendant leur semaine de vacances. Le départ de Sean Monahan s’inscrit dans le processus de reconstruction du Tricolore. C’est bien beau, et ce départ était écrit dans le ciel, mais il reste encore 33 matchs à la saison.
«C’est sûr que c’est difficile [à accepter]mais je comprends la situation, a indiqué Josh Anderson au terme de l’entraînement de dimanche après-midi, qui marquait le retour au boulot des joueurs du Canadien. La direction a un plan et doit prendre des décisions en conséquence. Nous, notre mandat demeure de gagner des matchs.»
St-Louis garde le cap
Cette transaction, jumelée aux blessures de Kirby Dach et de Christian Dvorak, laisse un trou béant dans la ligne du centre de l’organigramme. Pour le combler, le Canadien a procédé au rappel de Lucas Condotta et a fait signer un contrat à Brandon Gignac.
En attendant le retour imminent d’Alex Newhook – absent depuis le début du mois de décembre, il a repris l’entraînement –, on ne parle pas de la même qualité de joueurs. Encore une fois, il faut être fait dur pour voir le bénéfice à long terme de cette transaction et non le sacrifice que devront faire ceux qui restent d’ici la fin de la saison.
«Ces gars [les membres de la direction] ont un plan. Si tu n’y crois pas, tu n’es peut-être pas à la bonne place. C’est sûr que ça fait mal, mais la ligue ne s’arrêtera pas parce qu’on a perdu Sean», a lancé Cole Caufield.
Martin St-Louis, un autre fier compétiteur, a lui-même admis qu’il ne pouvait faire autrement que de ressentir une certaine déception. Néanmoins, en tant que capitaine du navire, il doit s’assurer que ses troupiers ont le cœur et la tête à la bonne place.
«On doit continuer d’avancer. Il faut continuer de développer notre jeu collectif, continuer d’améliorer nos jeunes. J’aime faire partie de ce processus, a-t-il martelé. Il faut avoir une vision plus large. Ce n’est pas facile pour personne de voir Mony partir. Mais il ne faut pas voir ce départ simplement comme une perte. Pendant deux ans, il a eu un impact sur les jeunes qui l’ont côtoyé. C’est l’une des raisons pour lesquelles on l’avait amené ici.»
Comme au salon funéraire
Au moment de commenter la transaction, Kevin Cheveldayoff, directeur général des Jets, a mentionné que ses recruteurs professionnels et lui avaient été très impressionnés par la façon dont Monahan s’impliquait auprès de ses jeunes coéquipiers, comme Caufield et Juraj Slafkovsky, le qualifiant au passage de «mentor» et de «leader sur le banc».
«Il va nous manquer, a convenu Slafkovsky. Il m’a apporté beaucoup. C’était un exemple à suivre pour nous tous.»
«Il faisait sentir sa présence dans n’importe quelle situation. Son éthique de travail au quotidien était remarquable. Tout le monde devra apporter un peu de Sean dans son jeu», a vanté Caufield.
On comprend que le départ de Monahan ne laissera pas qu’un vide sur la patinoire. Il en laissera également un dans un vestiaire où il était apprécié de tous.
«J’aurais aimé ça que vous me demandiez ce que je pensais de lui quand il était ici. Maintenant qu’il est parti, tout le monde veut qu’on parle de lui», a mentionné Caufield, sourire en coin.
Ça, mon Cole, c’est comme dans la vie. Les gens sont beaucoup plus généreux dans leurs hommages quand ils se trouvent au salon funéraire.