La journée a été riche en émotions (avec l’annonce de sa retraite après le géant), quelles sont celle que vous allez retenir ?
Ce n’était pas évident (rires). L’objectif était de faire deux manches à fond, de rester en mode course jusqu’au bout, mais je savais qu’il y allait y avoir ces émotions qui allaient remonter. Je voulais aussi m’imprégner de tous ces derniers instants, de ces petites choses habituelles et naturelles un jour de course depuis des années. J’ai vécu cette dernière journée comme je voulais la vivre, je suis très heureuse. J’ai voulu aller jouer jusqu’au bout devant, je n’ai pas réussi ce dimanche, mais j’ai savouré cette dernière course.
Vous avez reçu beaucoup de témoignages d’affection dans l’aire d’arrivée, ça vous a touché particulièrement ?
C’était vraiment génial. Toutes les filles sont venues, avec Coralie (Frasse-Sombet, qui arrête aussi sa carrière)on a vécu des moments particuliers. On en a profité tous ensemble, avec le staff, certaines skieuses étrangères n’étaient pas encore au courant de ma décision, donc elles ont été un peu surprises, mais j’ai eu des mots très gentils et touchants. C’est plaisant d’avoir aussi marqué le monde du ski avec ma personnalité. Je vais continuer à les regarder courir !
« C’était chouette de vivre encore ce rush d’adrénaline et cette sensation qu’on ne ressent qu’au départ d’une Coupe du monde »
Mikaela Shiffrin nous a dit que vous étiez l’une de ses idoles.
Quand on est concurrentes, c’est difficile d’avoir certaines émotions mais depuis ces derniers jours, je m’autorise à en avoir. Mikaela est une énorme championne, et elle a un respect incroyable pour toutes les athlètes. Elle est très humble, et je suis très heureuse d’avoir fait tant d’années à ses côtés. Il y a eu de belles bagarres avec Mikaela, notamment lors de mes deux globes de géant remportés. On a repoussé chacune nos limites, et je lui en suis très reconnaissante.
Quand avez-vous décidé de prendre votre retraite sportive ?
Je n’ai pas voulu me pencher sur la question avant les championnats du monde. C’était important pour moi de rester dans ma saison avec cet objectif bien précis. Après les championnats du monde, j’ai commencé à y penser, à me demander ce qu’il me restait à faire, l’énergie que j’avais envie d’y mettre… C’est assez naturellement que cette fin de saison s’annonçait comme étant la dernière. Mais j’ai eu des objectifs ambitieux jusqu’à la toute fin avec quatre super-G, deux beaux géants, je skiais bien. J’ai décidé d’aller jusqu’au bout de mes deux dernières manches. Bon, ça n’a pas été évident d’être performante aujourd’hui (rires). Mais c’était chouette de vivre encore ce rush d’adrénaline et cette sensation qu’on ne ressent qu’au départ d’une Coupe du monde.
Qu’allez-vous faire dans les prochaines heures ?
Je me laisse porter (rires). Avec l’équipe on a prévu de se faire un petit repas sympa, de vivre ensemble nos derniers moments sur la Coupe du monde. On a vécu de belles années. Tout au long de ma carrière j’ai eu de superbes coéquipières, de supers coaches… Avec eux je vis la fin, avec Coco (Coralie Frasse-Sombet) aussi, on vit toutes les deux cette belle journée ensemble. On va s’octroyer une petite fête ce (dimanche) soir et après je terminerai ma saison sur les championnats de France, mais je n’ai pas de gros programme sur les 3-4 prochains mois en tout cas (rires).