Le destructeur
Gamin au tempérament violent, battu par sa mère, Crawford commence la boxe à 7 ans. Amateur de bon niveau (70 combats, 12 défaites), il rate la qualification pour les Jeux de Pékin en 2008 et passe professionnel dans un relatif anonymat. En 2011, Tim Bradley, champion WBC-WBO des super-légers, fait appel à lui pour préparer son prochain combat.
Il se souvient d’un garçon calme, mais, dès la première séance, Bradley, habitué à détruire ses sparring-partners, comprend que « Bud » est spécial. Il esquive, tape fort et ne redescend pas en intensité. En résumé, « il m’a botté le cul », dit-il à ESPN. « Ce gamin n’est pas un sparring-partner, c’est un champion du monde. » Crawford est sacré chez les légers trois ans plus tard avant de devenir incontesté en super-légers et en welters.
Terence Crawford, ici face à Shawn Porter en 2021, affiche un bilan de 40 victoires en 40 combats dont 31 par K.-O. (Louis Grasse/PX Imagens/Zumapress.com)
L’ambidextre
L’humanité compte environ 10 % de gauchers. Statistiquement, un boxeur a donc plus de chances d’affronter un droitier et de manquer d’expérience face à un « southpaw ». Beaucoup travaillent les deux gardes pour profiter de cet avantage. Mais aucun n’a la capacité de « switcher » avec l’aisance de Terence Crawford, droitier naturel tout aussi létal quand il passe gaucher.
Sa victoire contre Errol Spence Jr, samedi dernier, qui lui permet d’ajouter à la ceinture WBO les titres IBF, WBA et WBC, l’a démontré une fois encore. C’est la principale force de l’un des athlètes les plus complets du circuit. Ce contreur d’exception, rapide et puissant, met cette force au service d’un QI boxe particulièrement élevé lui permettant de s’adapter au fil des rounds. On n’arrive pas à un bilan de 40 victoires en 40 combats, dont 31 K.-O., par hasard.
Terence Crawford est le boxeur préféré du rappeur Eminem présent lors du combat à Las Vegas. (Instagram @tbudcrawford)
L’homme du Nebraska
Crawford reste obstinément fidèle au Nebraska, l’État qui l’a vu naître et où il a failli mourir en raison d’une balle perdue en 2008. En juin 2014, pour la première défense de son titre de champion du monde WBO des poids légers, il a choisi Omaha. La ville n’avait plus accueilli de Championnat du monde depuis un combat de Joe Frazier en 1972.
Les locaux l’adorent, il a même une rue à son nom, mais « Bud », le boxeur préféré du rappeur Eminem, n’est pas la plus grande célébrité du coin. Le titre revient au multimilliardaire Warren Buffett. « Il est fan de moi, je suis fan de lui », confiait le champion en 2018. Buffett a assisté à plusieurs de ses combats et les deux hommes ont en commun, selon Le journal de Wall Street, un goût certain pour la frugalité.